[Lettre de De La Croix à Berthelé du 31 juillet 1883]

<p><strong>Transcription</strong></p><p>31 juillet 1883 [en rouge et d&#039;une autre main]</p><p>Mon cher Joseph,</p><p>Le Bulletin de la faculté des lettres vient de paraitre et contient deux pages à votre adresse mais tout spécialement à la mienne. La question s&#039;écarte tellement du terrain scientifique et s&#039;accentue si violemment sur celui de ma personne religieuse que mon supérieur m&#039;a prié d&#039;insérer, dans les quatre journaux de la localité qui paraitront demain, une lettre qui me remet à ma place de religieux. Je suis enfant d&#039;obéissance et c&#039;est pour cela que j&#039;ai agi, sans tenir compte de mes idées personnelles, et vous ne m&#039;en blâmerez, j&#039;en suis sur, pas.</p><p>Cela ne m&#039;empêche pas de faire faire un nouveau tirage en tenant compte des corrections que avez signalées à Oudin,</p><p>Saut de page</p><p>et de la reproduire, car malgré la dernière injure que Hild lance à votre brochure, elle est bonne et est jugée telle par la grande majorité des lecteurs qui juge sans parti pris. Oudin vous expédiera ce soir les 25 exemplaires que vous demandez et en tiendra d&#039;autres à votre disposition. Quel stupide article que celui du Républicain de l&#039;Ouest&#160;! Il ressemble bien à ceux de Duthiseu&#160;? Tout à vous et très affectueusement de vous cher ami. C. Croix Poitiers Le 31 juillet 1883 9h du soir P.S. Je suis certain que ce débat est banal car le Préfet s&#039;occupe encore de Sanxay pour le</p><p>Saut de page</p><p>conseil général.</p><p>Saut de page</p><p>Le Père de la Croix n&#039;est pas l&#039;inventeur de Sanxay. Chacun sait cela, depuis la mémorable brochure de M. Hild. </p><p>On nous raconte l&#039;anecdote suivante, qui est absolument authentique et qui apporte une confirmation nouvelle à la trouvaille de l&#039;honorable professeur&#160;: </p><p>Un Episode des fouilles de M. de Longuemar à Sanxay.</p><p>Il existe à la ferme de la Boissière, un petit mur simple et modeste, devant lequel les visiteurs de tous les jours passent indifférents et dont cependant M. Hild aurait pu tirer parti dans ses révélations sur la découverte de Sanxay avant le Père de la Croix.</p><p>Ce petit mur a tout une histoire, et cette histoire est toute une épopée à la gloire des Antiquaires de l&#039;Ouest et spécialement de M. de Longuemar. </p><p>C&#039;était il y a une douzaine d&#039;années.</p><p>Le propriétaire de la Boissière découvrit au bord de la Vonne, - dans les terrains que M. de Longuemar avait explorés si minutieusement "sur une étendue de vingt hectares" en 1895, - un superbe fauteuil en pierre, sur lequel il appela immédiatement l&#039;attention des Antiquaires de l&#039;Ouest. </p><p>Vous croyez que les Antiquaires se précipitèrent à Sanxay et que le fauteuil fut apporté en triomphe au musée de la société. Erreur&#160;!! Erreur&#160;!!</p><p>Pendant trois ans, le fauteuil tendit ses bras suppliants à M. de Longuemar, pendant trois ans M. de Longuemar et ses amis restèrent inexorables. On finit cependant par faire une petite concession&#160;: </p><p>– Si vous voulez nous le faire aconduire de Sanxay à Poitiers, fut-il répondu au propriétaire&#160;; si vous voulez payer les frais du transport, – nous l&#039;accepterons, mais pour nous en charger nous-mêmes... </p><p>A cette époque, en effet, les Antiquaires faisaient des économies... pour s&#039;acheter un immeuble. </p><p>Le paysan, homme positif, préféra ne pas payer le transport. Du fauteuil, il fit des moellons, – et ainsi fut construit le petit mur. </p><p>Voilà comment M. de Longuemar et les Antiquaires de l&#039;Ouest ont devancé le Père de la Croix dans la découverte de Sanxay.</p>