[Lettre de Quicherat à De La Croix du 25 juin 1881]

<p><strong>Transcription</strong></p><p>Ecole Nationale des Chartes</p><p>Palais des Archives Nationales</p><p>Rues des Francs-Bourgeois, 58</p><p>25 Juin 1881</p><p>Mon cher père</p><p>Je vous remercie du beau portrait que vous m&#039;avez envoyé. Vous y êtes rendu tout vivant, avec votre sérénité et voir air de résolution. C&#039;est vraiment une &#339;uvre d&#039;art. Je suis tout honteux de n&#039;avoir ni le pareil ni rien d&#039;approchant à vous offrir. On a fait de moi plusieurs photographie dont je n&#039;ai gardé aucune. Toutes étaient de petit module et assez mal réussies. J&#039;en ai fait la distribution depuis longtemps et me suis plus retourné chez le faiseur.</p><p>En m&#039;offrant d&#039;écrire une notice sur votre manche<p><p>Saut de page</p><p>de poignard, vous supposez que j&#039;ai le loisir de m&#039;arrêter aux communications d&#039;antiquités que je reçois ; eh bien vous vous trompez. Avec la quantité d&#039;occupations que j&#039;ai sur les bras, je ne puis plus faire autre chose que de dire mon mot sur les objets qui me passent sous les yeux. C&#039;est au point que je renonce à disserter sur mes propres découvertes.</p><p>Le jour de votre élections aux Antiquaires, j&#039;avais sur moi le susdit manche, et je le montrai en votre nom à la Compagnie. Il fut trouvé curieux, et l&#039;on jugea à propos d&#039;en avoir une gravure sur bois pour le Bulletin. Je n&#039;ai pas dit non, parce que vous ne m&#039;aviez pas déclaré encore votre intention qui est que cette pièce soit publiée par vous-même, si elle ne l&#039;est pas par moi. J&#039;ai écrit pour qu&#039;on revînt sur la décision pris. Nous réduirons l&#039;insertion dans le bulletin à l&#039;annonce de votre découverte.<p><p>Saut de page</p><p>Je ne m&#039;étonne pas que vous ne receviez pas de réponse au sujet de la demande que vous avez adressée. La promesse faite publiquement par le ministre, au mois d&#039;avril dernier, a suscité de tous cotés des demandes pareilles. Ayant à répondre à des masses de sollicitations, ils s&#039;en tirent en différant de répondre. Quant à moi, qui suis aussi assailli de demandes d&#039;apostilles, je me renferme rigoureusement dans mes attributions de Consultant. Je désigne ceux qui font bien et ceux dont les travaux ne méritent pas l&#039;attention. La manne tombera où Dieu voudra.</p><p>Et avec cela le pauvre Fillon est parti, emportant avec lui l&#039;un des types accompli du chercheur. C&#039;est une perte pour l&#039;archéologie !</p><p>A vous, votre bien dévoué et affectionné</p><p>J Quicherat<p>